Dans le monde des objectifs multi-marques, SIGMA fait figure de fabricant alternatif. J'avoue y regarder toujours à deux fois lorsque je dois m'équiper d'une nouvelle optique. Ce grand fabricant propose souvent des focales similaires à celles des grandes marques photos comme NIKON, CANON, SONY... ou bien complémentaires. Qualitativement, on trouve de tout. Du bon, du moins bon, mais aussi de l'excellent, le prix étant souvent l'élément déterminant. Tout dernièrement, SIGMA nous a sorti un nouveau bijou, un grand angle ultra-lumineux : le 35mm/f1.4 DG HSM | Art . Non, vous ne rêvez pas, c'est bien un NOUVEAU 35mm. D'ailleurs, pour le prouver, il affiche un nouvel esthétisme et surtout une nouvelle classification : ART. Tout un programme. Et si nous y jetions un coup d'oeil ?
Pour ceux qui me connaissent bien, vous devez savoir que le 35mm-f/1.4 fait parti de mes optiques de prédilection. Multi usage, je le destine au portrait (et oui, j'adore cette légère déformation du visage, son plan large tout en étant proche du sujet, et le magnifique flou englobant), ou bien au reportage (quelle chance d'avoir un GA ultra-lumineux sous la main), ou bien encore à d'autres occasions. Etant très riche (ben oui ! En photo, il le faut bien), j'ai fait l'acquisition du AF-S 35mm-F1.4G NIKKOR. Un bras en moins plus tard, je me suis extasié devant la précision de la bête, son incroyable piqué et bokeh. Ne parlons pas de sa robustesse. Bref. C'est une love-story qui perdure. (je pourrai en dire de même avec mon vieux 50mm-f/1.4 NIKKOR, depuis plus de 20 ans)
Mais revenons à mon tout nouveau joujou.
Etape 1 : l'approche
Au premier abord, le SIGMA est d'une incroyable beauté. Sobre, élégant même, son revêtement mat en jette. La petite lettre "A" enfermée dans un cercle argentée nous signale que nous sommes bien en présence de cette nouvelle gamme "ART".
Côte à côte, en terme de taille, les deux optique se valent ou presque.
Même si le revêtement du SIGMA est plus agréable, je reste dubitatif sur le maintien en état de cette matière plastique qui recouvre que très partiellement son corps. Toutefois, la prise en main me conforte sur la solidité de l'ensemble : il pèse son poids. Mis à part une petite partie en surface, son corps est entièrement constitué de métal. Il pèse 10% de plus que son homologue Nikonien. Côté diamètre optique, ce sont tous deux des ø67mm. Information importante à la fois pour ce test mais aussi pour les possesseurs de filtres.
Je chausse mes godasses de marche, prend ma grosse veste bien chaude (même si c'est le printemps, ben oui, ça caille encore !) et me voilà parti avec mes deux belles optiques. Ce sera mon NIKON D3s qui me servira de boitier testeur.
Etape 2 : séduction
La première série de tests, je décide de l'effectuer sur pied en ouvrant par palier. A pleine ouverture puis petit à petit, en fermant jusqu'au maximum (f/16). Puis j'alterne avec le SIGMA :
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NIKON f/1.4 |
NIKON f/2.2 |
NIKON f/3.2 |
NIKON f/16 |
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SIGMA f/1.4 |
SIGMA f/2.2 |
SIGMA f/3.2 |
SIGMA f/16 |
L'ensemble des fichiers Haute-Définition sont disponibles en téléchargement en bas de cette page.
Première surprise : le cadrage est plus large sur le SIGMA que sur le NIKON.
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SIGMA f/1.4 |
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NIKON f/1.4 |
Je m'interroge et m'aperçois que le NIKON affiche un angle de visé de 63° contre… 63,4° pour le SIGMA. Sur le papier, cela semble anecdotique. Dans le viseur, en revanche, cette variation est énorme tout du moins sur un plan large, bien moins sur un cadrage plus serré. Vous pourrez en juger par vous-même sur les différents exemples.
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SIGMA f/1.4 |
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NIKON f/1.4 |
Même cadrage à f/4.
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SIGMA f/4 |
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NIKON f/4 |
De même la distorsion semble plus faible sur le SIGMA. Un bon point !
Côté usage, prise en main, rien à redire.
Ou plutôt si : le SIGMA fait la mise au point avec rapidité et silence. Aucun son. Etonnant.
Par comparaison, celui de NIKON claque légèrement à chaque butée et l'on entend distinctement le ronronnement des rotations de la mécanique.
Cela dit, on ne va pas exagérer non plus. Rien de grave.
Etape 3 : premiers ressentis
Comme vous pourrez le constater, le rendu global est plus froid. Les contrastes sont bien là , probablement plus que sur le NIKON.
Côté piqué, il faut reconnaître que le SIGMA est étonnant de détail. Couplé à la douceur de son flou, on obtient de très belles images, presque soyeuses. (regardez attentvement les exemples précédents ainsi que les suivants)
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SIGMA f/2.8 |
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NIKON f/2.8 |
J'ai remarqué une moindre tendance, à forte lumière, à afficher des artefacts sur les tranches de fort contraste (purple fringing) par rapport au NIKON. C'est particulièrement visible sur certaines vues où l'on peut comparer, à même intensité lumineuse (ou presque), les deux clichés à l'identique.
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Observez dans le grossissement ci-dessous l'effet de contour |
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Crop à 100%
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La fleur de droite est plus détaillée que celle de gauche à f/1.4 |
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Crop à 100%
Sur le NIKON, le flou est troublé par des éléments parasites... la sensation d'un flou moins duveteux est ici bien perceptible.
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J'ai d'ailleurs pointé l'apparition d'un effet de brillance sur l'une des images, sur une surface en verre brillante, non visible sur la version NIKON. Je l'attribue à la présence du traitement NANO Cristal de l'une des lentilles NIKON. Là encore, rien de grave.
Je me tente à une mise au point manuelle via les roues crantées métalliques dont la rotation se fait avec une certaine retenue. Agréable. Rien à redire.
A noter que l'on peut déconnecter l'AF via un bouton situé sur le coté de l'optique. Classique. Mais utile de le rappeler.
Etape 4 : comme une ouverture ?
Au tout premier abord, en pleine ouverture (f/1.4), le piqué du SIGMA semble légèrement plus faible, très probablement par manque d'un tout petit peu de contraste très vite rattrapé en montant d'un cran où il semble ensuite se maintenir. Toutefois, j'ai réussi à obtenir d'excellents résultats dans certains contextes qui allaient en faveur de SIGMA (voir la fleur plus haut). Je pense avoir trouvé plus tard une explication (voir plus bas). Le NIKON lui est assez constant mais souffre, par comparaison, d'un rendu global moins agréable. Etonnant mais réel. Il m'aura fallu plusieurs clichés afin d'être sûr de ne pas rêver. Une erreur de perception ou d'analyse est toujours envisageable. Cette netteté apparente se fait au détriment d'un flou plus dur, parfois même brouillon (Bokeh moins joli). Le pire subiste dans un effet de bord (plus visible en violet - "purple fringing" mais omniprésent) qui viennent salir les contours floutés. Sans conteste, le SIGMA fait ici beaucoup mieux.
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A gauche, le contour bleuâtre surligne les zones d'intense lumière (fringing) |
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Crop à 100%
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(*) J'émet toutefois une petite réserve sur l'aspect du piqué : il semblerait que mon optique SIGMA souffrait d'un léger front focus. Je l'ai remarqué plus tard chez moi, devant mon poste de travail, sur plusieurs clichés où la mise au point avait été faite à un endroit très précis et où les plans avant-arrière très rapprochés pouvaient me servir de repères intermédiaires. J'ai ainsi pu constater que le plan avant était plus net que mon point de focus. C'est fort dommage car dans l'ensemble, le piqué à pleine ouverture semble très bon (ce qui peut expliqué cette perte que j'ai ressenti à f/1.4 mais qui se rattrappe à f1.6). Dans le cas présent, je n'ai pas ré-ajusté ce problème de MAP via mon boitier. Mais sachez que cela n'est pas rédhibitoire. Tout se corrige. Soit via le boitier. Soit coté optique.
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Focus effectué sur l'étiquette. C'est l'orange située devant sur la gauche qui profite de la netteté. |
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Voici un exemple de portrait. Comme je le soulignais auparavant, les teintes chaudes comme la peau sont plus bleutées sur la version SIGMA.
J'avais déjà remarqué cela de manière générale chez SIGMA sur mes propres optiques. Autre point bien visible : les contrastes bien plus relevés, accentuant du coup certains détails.
J'espère que mon ami Philippe, qui expérimente malgrè lui mon matériel en tant que figurant cobaille, ne m'en voudra pas de démontrer ici les capacités de ces optiques à relever chaque irrégularité de peau. ("je t'aime, tu le sais bien hein ?!") Les rides, chez un mec, cela a son charme. C'est ce qu'on dit... :P :)
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Ouverture f/2.2 |
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Crop à 100%
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La mise au point minimale est quasi égale à celle du NIKON : 30 cm.
Cela permet de profiter très facilement d'un arrière-plan douveteux à courte distance afin de détacher le sujet.
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Ouverture f/4.5 |
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Crop à 100%
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Etape 5 : instant de lucidité
Après de multiples essais, confrontant les deux dans des conditions relativement différentes, je reste stupéfait par les performances et le comportement de ce beau caillou SIGMA.
Je souligne au passage que SIGMA nous offre là une véritable nouvelle optique. En effet, sa formule optique a été entièrement revue et je peux attester qu'elle est redoutablement efficace.
Les seuls points négatifs, à mon sens, sont donc au nombre de deux :
- l'absence d'un joint d'étanchéité (NIKON en a un !)
- le revêtement extérieur trop fragile.
De manière générale, la finition du NIKON est à mon avis plus étudié pour un usage intensif, tout terrain (joint d'étanchéité compris !). Son corps tout métal avec un revêtement légèrement granitée peint dans la masse, autant dire que la durabilité est assurée. Depuis deux ans d'un usage intensif, il n'a pas bronché. Pas de rayures extérieures visibles… Pas sûr qu'en lui faisant subir le même usage, le SIGMA puisse faire aussi bonne figure.
Etape 6 : Viens l'heure du bilan (roulement de tambour).
Entre nous, ce 35mm SIGMA est une bombe. A cela, plusieurs argument de poids :
- elle est très belle, bien finie malgré ma réserve concernant la durée de vie de la matière plastique. C'est hélas emblématique chez SIGMA.
- cette nouvelle formule optique démontre les efforts de SIGMA pour se distinguer par une nouvelle gamme. Pour moi, c'est réussi. Vivement la suite ! (un nouveau 85mm/f1.4 ? Ou un 60mm ?)
- personnellement, je n'ai vu aucune ou très peu de différence entre eux deux. Dans certains cas, j'ai préféré le rendu du NIKKOR, mais dans d'autres, celui du SIGMA. Ils jouent tous deux très serrés. Indéniablement, le bokeh du Sigma est magnifique ! J'ai donc un petit faible pour ce dernier.
Venons-en aux arguments qui tuent :
- la sauvegarde du porte-monnaie : avec un prix neuf compris entre 850-1000 E, il coiffe au poteau ses homologues NIKON et CANON qui s'affichent respectivement entre 1900-1650 E et 1500-1300 E.
- la garantie sérénité : 3 ans ! Oui, vous avez bien entendu ! La garantie 3 ans fabricant offerte par SIGMA se fait par simple enregistrement de son produit en ligne. Autant dire que la décote du matos à la revente d'occasion est préservée durant un certain temps, ce qui permet de partir avec plus de sérénité sur un tel investissement. Seuls les revendeurs souhaitant se rattraper sur les garanties pour appliquer leur marge commerciale seront en reste. On ne peut pas faire des heureux partout ! :)
Mon avis et conseil : J'ai été grandement conquis, presque amoureux de ce caillou pendant ce test. J'ai même gardé la bête un jour de plus pour vérifier son comportement. Aucune différence notable entre cette optique et sa sérieuse concurrente NIKON. Pour moi, c'est du tout bon. Et si je devais donner une note, ce serait - en tenant cmpte du rapport qualité-prix un 9.5/10 !
Si vous souhaitez vous équiper d'un grand angle lumineux de compétition à un prix TRES abordable, n'hésitez plus.
Sigma l'a fait pour vous !
Bon shoot les amis !
(...et moi je vais réfléchir si je conserve mon NIKKOR :) )
Voici plusieurs exemples
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NIKON Ã f/1.4 |
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SIGMA Ã f/1.4 |
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NIKON Ã f/2.2 |
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SIGMA Ã f/2.2 |
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NIKON Ã f/5 |
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SIGMA Ã f/5 |
Portraits avec post-traitement sous LR.
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NIKON Ã f/2.2 |
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SIGMA Ã f/2.2 |
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NIKON Ã f/2.2 |
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SIGMA Ã f/2.2 |
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SIGMA 35mm à f/2.8 |
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D'autres exemples sont à venir...
Espace de téléchargement
Accès aux fichiers de tests :
répertoire des originaux
Remerciements
Un merci tout particulier à mon partenaire OPTIQUE TONDEUR du réseau "IMAGES-PHOTO" pour le prêt exceptionnel du matériel SIGMA.
